La Périchole, une muse pour les artistes…
Initialement, une femme de caractère qui subjugue assez le vice-roi du Pérou pour entretenir les feux de la passion pendant quelque quatorze années. La femme est belle, actrice et chanteuse de son état dans un dix-huitième siècle peu enclin à favoriser le sort des femmes en général et celui des artistes en particulier, qui de plus, dans un Pérou colonisé. Les scandales de cour sont légion tant la complaisance du vice-roi envers celle qu’il nommera La Périchole, après un accès de colère, est grande (Perra chola : chienne de métisse). De leur relation détonante, Prosper Mérimée fera une petite pièce autour d’un évènement qui aura mis en émoi la cour de Lima : le don d’un carrosse doré aux armes du roi d’Espagne. Belle revanche pour celle qui n’était qu’une chanteuse des rues, chiquenaude marquée à tous les titrés de la cour ! Jean Renoir s’emparera du sujet en s’attardant davantage sur la réalité des comédiens aux prises avec le pouvoir et aux difficultés à faire vivre le théâtre.
Entre les deux créateurs, Jacques Offenbach, assez séduit par Le Carrosse du Saint-Sacrement de Mérimée (1828), va composer La Périchole (1868). Un opéra bouffe qui réduit considérablement l’intrigue de la pièce pour ne s’intéresser qu’à la rencontre de la Périchole et du vice-roi. Les deux librettistes du compositeur, Henri Meilhac et Ludovic Halévy, vont en effet situer le coup de foudre du vice-roi pour la jeune femme dans les rues où, celle-ci, après avoir chanté, crie famine pendant que son amant, Piquillo, tente de trouver un peu plus loin de quoi les nourrir à grands renforts de ritournelles. La Périchole, tout à sa misère, accepte de suivre le vice-roi éperdu dans son palais, non sans avoir auparavant laissé une lettre à Piquillo. Trois actes traduiront les péripéties de l’étrange triangle amoureux jusqu’à la capitulation d’un vice-roi devant le triomphe de l’amour des jeunes gens.